Les aventuriers du dimanche, Jean-Philippe Boudart
(Manolosanctis, 2010)
Une bande dessinée simple et lumineuse qui a fait son petit chemin et s’est développée sur le net grâce à son auteur, sous le pseudonyme Toundra dans un premier temps, et avec le soutien du public de plus en plus nombreux et fidèle à ces aventuriers amateurs. Le plus remarquable, particulièrement en des temps où la morbidité atteint des pics rococo, est que cette histoire sent bon l’amitié, un esprit fraternel entre une communauté de « rôlistes » un peu bras cassés sur les bords. Le fil narratif installe une sorte de rêverie éveillée où l’aventure commence précisément lorsque nos irréductibles se perdent ! On peut donc sans problème investir dans cet album, même sans être un accro du monde fantasy/donjon, d’autant plus que le graphisme de caractère renforce cette ambiance universelle et chaleureuse, allant au-delà du premier degré, de la parodie ou de l’hommage.La galerie de personnages brasse sans complexe le réalisme, la BD naïve ou encore le dessin animé (Barbaroxe est une sorte d’Heidi encapuchonnée sous acide), le tout servi par des couleurs chatoyantes évoquant le printemps et l’automne à la fois. En attendant la suite !
Tom & William, Laurent Lefeuvre
(Le Lombard, 2010)
Voici une BD qui ne passe pas inaperçue dans un monde qui s’évertue à rechercher frénétiquement de nouvelles tendances puisque son auteur regarde résolument vers le passé et les petits formats d’aventures « science-fictionnesques » ou encore horrifiques qui ont bercé la jeunesse de beaucoup d’entre nous. Un cataclysme a fait disparaître la majorité de l’humanité : les rares rescapés doivent faire face à des créatures qui ressemblent à s’y méprendre à celles que l’on trouvait dans les bandes dessinées des années 60. Jusqu’au jour où William, un survivant, rencontre Tom, un jeune garçon à l’imagination débordante, qui a dévoré en une nuit une sacrée pile de vieilles BD. Il est persuadé d’avoir déclenché l’existence des monstres hors du papier car cette apocalypse a commencé au même moment que sa lecture passionnée, rien de moins. Tom semble le prouver, puisqu’à sa demande, un héros de son choix apparaît pour les aider à se protéger des dangers qui peuplent désormais ce monde fantomatique. À l’instar du film L’antre de la folie de John Carpenter, Laurent Lefeuvre nous propose une mise en abîme riche en paradoxes, puisque Tom incarne à lui tout seul l’enfant qui rêve d’avoir à côté de lui ses héros « pour de vrai » avec pour conséquence des gens qui voient leur quotidien chamboulé par des personnages de fiction ayant un rapport étroit avec la réalité… L’ouvrage se révèle donc passionnant et sonne comme un hommage définitif au genre, le traitement graphique embrasse avec nostalgie le style réaliste et dynamique de l’époque. L’auteur a prolongé le plaisir en créant le site fictif des éditions ROA qui vous informe à rebours de l’histoire de ces supers héros qui n’ont jamais existé : http://roa.over-blog.com/