Axis Mundi
Mathieu Lauffray (CFSL, 2013)
Parmi les très grands dessinateurs de bande dessinée française du XXe siècle à avoir su, avec talent, vision, éclectisme et finalement avec succès, imprimer leur marque non seulement à son medium d’origine mais à plusieurs medias différents (cinéma, jeu vidéo, jeu de rôle, presse et illustration), l’Histoire retiendra à coup sûr au moins trois noms : Moebius, Mézières… et Mathieu Lauffray. Depuis le Serment de l’Ambre, première BD réalisée en guise de mémoire de fin d’études à The Secret, Lauffray revient sur vingt années de travaux qui ont fait de lui un artiste multimédia incontournable, mondialement connu et respecté. Plus qu’une monographie purement illustrative, comme l’avait été son précédent art book Proto (éditions Soleil, 2004), Axis Mundi, publié cette fois par CFSL, constitue un carnet de route dans lequel il révèle à tous les étudiants, pratiquants ou simples amateurs, les diverses possibilités offertes à l’auteur dessinateur-illustrateur pour trouver des débouchés professionnels, permettant de vivre de son art et de sa passion. Pour unique qu’il soit, le parcours de Lauffray n’en est pas moins exemplaire et son itinéraire chaotique se lit comme un roman, celui de la vie d’un rebelle qui n’a jamais accepté de se faire dicter par quiconque sa conduite artistique ou morale. L’axe du monde, selon certaines cultures, essentiellement chamaniques, était considéré comme le 5e point cardinal, un lien entre la Terre et le Ciel, entre le monde des vivants et celui des esprits, entre la réalité et l’imaginaire, là où intervient l’esprit de tout créateur. Axis Mundi, à la fois beau livre d’art fidèle à l’esprit et à la qualité des célèbres ouvrages Café Salé et bible à l’usage des artistes avides d’explorer de nouvelles avenues, nous entraîne dans sa quête de l’absolu artistique aux côtés de Long John Silver et Jack Stanton, au fil d’un ouvrage que cet aventurier de la plume qu’était Charles Baudelaire aurait pu préfacer de ses célèbres vers: « Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ? Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ! » (Le Voyage in Les Fleurs du Mal, 1861). Miceal