Private Liberty, T1 L’Échelle de Kent
Le choix de la rédaction
Private Liberty, T1 L’Échelle de Kent
Nerac, JB Djian, Ternon et Kanigaro / Ed. Vagabondages, 2014
« J’aimerais maintenant tester votre réaction aux munitions de gros calibre » propose-t-on au héros en page 27. C’est exactement le défi qui se posera aux lecteurs de cette perle découverte totalement par hasard, grâce à sa couverture très réussie qui hypnotise. Cette bd est tout simplement la meilleure surprise de l’année ! Au scénario, un beau duo de pros. Le vétéran encore vert Jean-Blaise Djian et le novice Nérac (c’est son 1er album !) font mouche avec un récit qui digère parfaitement le double héritage des comics et du franco-belge, pour en extraire le meilleur. Ce qui démarre comme un polar noir avec le journaliste local Jean Fanal enquêtant sur un meurtre à Bayeux (en dire plus serait criminel) se mue sans effort en un thriller fantastique qui fait de cet album un OVNI éblouissant au sein de la production actuelle. Un récit très bien construit, haletant, avec un personnage central attachant, une figure héroïque charismatique et des seconds rôles savoureux, un rythme qui monte en intensité et toute une mythologie crédible qui envoûte et promet plus encore. Au dessin, Cyrille Ternon, déjà complice de Djian sur l’intéressant Silien Melville, est monté en puissance et prouve qu’il est autant capable d’exploser dans des scènes d’action spectaculaires que de frapper chirurgicalement dans les moments intimistes. Il faut dire que son trait de torpedoest sublimé par le travail de sniper orfèvre de Kanigaro dans son traitement de la couleur, aussi pertinent qu’original. Cet album est aussi la preuve qu’un dynamique éditeur régional comme Vagabondagesest capable de tenir la dragée haute aux grandes maisons. Cette modeste maison d’édition avait déjà annoncé la couleur avec la très sympathique série polar bretonne Fanch’ Karadec (3 tomes à déguster) et le succès mérité de sa pentalogie historique Normandie Juin 44 (coffret à se procurer d’urgence pour fêter le Débarquement !). Pascal Daniel incarne cette vision trop souvent oubliée d’un éditeur partenaire de ses auteurs. La meilleure démonstration de ce travail d’équipe, mené dans l’émulation et le respect mutuel, est cet album que vous tiendrez entre vos mains. C’est tout ce que la BD doit être, une aventure inédite où vous prendrez un pur plaisir narratif, en attendant fébrilement la suite… Miceal
Exposition à la galerie 203
Vernissage le 12 septembre à partir de 17 heures en présence des deux artistes.
Vincent Pompetti :: http://pompetti.wordpress.com/ Galerie 203 :: http://www.galerie203.com/
Facebook event :: ici
203/227/229 Rue Notre-Dame Ouest
Qc, Montréal, H2Y 1T4
514-439-4203
Chroniques BD #4
Le visiteur du futur, l’élu des Dieux
François Descraques et Gosh (Ankama, 2013)
C’est le très sérieux journal Le Monde qui a prédit « un très bel avenir au Visiteur du Futur ». Quid ? Pour ceux qui se seraient exilés sur une île déserte sans Internet ou autre mode de communication contemporain, le « Visiteur du Futur » est un véritable phénomène viral qui fait du bien à tous ceux qui en ont été infectés. Websérie créée par François Descraques (réalisateur pour la pub et le web mais frustré de projets de séries TV mainstream) et ses nombreux potes avec lesquels il tourne les premiers épisodes au Bois de Vincennes, « le Visiteur du Futur » est diffusé à partir d’avril 2009 sur le blog de son créateur FrenchNerd.com.
Happé au vol par Dailymotion et Youtube, quelques prix et des millions de clics plus tard, il se voit offrir sa première diffusion télévisuelle par la chaîne Nolife, ce qui attire à son tour l’attention d’Ankama qui propose alors au département Nouvelles Écritures de France Télévision de coproduire la série. Celle-ci sera diffusée avec succès sur Studio 4.0, la plateforme transmédia de France 4. Depuis, la websérie affiche fièrement trois saisons, deux prix au Web Festival de la Rochelle et même quatre prix au Los Angeles WebFest ! Ankama, studio transmédia à succès ayant également une branche éditoriale dynamique, notamment en BD (Mutafukaz, Freaks Squeele ou City Hall) offre alors un nouveau médium au très prolifique François Descraques qui, avec son complice Gosh au dessin, scénarise ce premier tome, L’Élu des Dieux, dans un esprit qui ne pourra que ravir ses fans web et en séduire de nouveaux. Miceal
City Hall (tome 3)
Rémi Guérin et Guillaume Lapeyre (Ankama, 2013)
Le duo d’auteurs persiste et signe avec ce tome 3 clôturant, en un temps record de parution mais sans perdre en qualité, la série événement qui s’impose définitivement comme le manga à la française ! Ils réussissent en effet l’exploit rare de finir une trilogie en beauté et referment suffisamment de portes pour ne pas frustrer le lecteur, tout en sachant ménager de nouvelles pistes d’exploration… Vous palpiterez d’émotion aux côtés de vos héros, Jules Verne, Arthur Conan Doyle et la très sexy Amelia Earheart, vous tremblerez de voir un Londres steampunk et futuriste en pleine Exposition Universelle, scruté par le dispositif de surveillance Big Eye, le bien nommé, et vous saurez enfin qui se cache sous le masque de Lord Black Fowl. Et surtout, pour quelle raison il veut semer partout le chaos et la destruction… Malgré tout cela, tout comme les innombrables fans de cette série à surprises, vous en redemanderez ! Ankama l’a bien compris, puisque l’éditeur vient d’annoncer qu’une saison 2 est déjà en chantier. Ouf ! Miceal
Radiant (tome 1)
Tony Valente (Ankama, 2013)
Justice est faite ! Pour tous les lecteurs frustrés à juste titre de leur très dynamique série Hana Attori, dont trois tomes successifs ont été publiés de 2008 à 2010 par les éditions Soleil avant que le titre ne soit prématurément arrêté, voici le retour en force de l’univers manga et magique de Tony Valente chez un autre éditeur. En effet, Ankama, forte de l’important succès critique et commercial de City Hall, a décidé de capitaliser sur le manga à la française de qualité. Tony Valente a déjà démontré l’étendue de son talent en dessinant également Speed Angels, série d’espionnage dans l’esprit de Charlie’s Angels ou de Totally Spies scénarisée par Didier Tarquin, le célèbre dessinateur de Lanfeust de Troy. Aujourd’hui, c’est à ses premières amours fantasy qu’il revient avec un récit dont les éléments étaient déjà présents en arrière-plan de Hana Attori. Dans l’univers imaginé par Valente, les Némésis, de monstrueuses créatures, tombent du ciel régulièrement, provoquant toutes sortes de catastrophes sur leur passage. Bien que seuls capables de résister à la puissance de ces monstres, les « infectés », rares humains à avoir survécu à la rencontre avec les Némésis, et ayant ainsi accédé à la maîtrise de la magie, sont paradoxalement mis au ban de la société. Certains de ces sorciers rejetés par l’ensemble de la population, comme les membres du Bravery Quartet, en deviennent pilleurs opportunistes, tandis que d’autres, telle la sorcière Alma, s’obstinent à lutter contre les envahisseurs géants. Parmi eux, Seth, jeune apprenti d’Alma, se révèle aussi talentueux qu’il est impulsif et maladroit. C’est sa quête du Radiant, mythique lieu d’origine des monstres, que raconte ce shônen à grand spectacle. Pêchu, enlevé, ce manga, à sens de lecture japonais, montre à quel point Tony Valente, aujourd’hui installé au Québec, a su parfaitement digérer ses illustres modèles, de Dragon Ball Z à One Piece, pour nous offrir un premier opus spectaculaire et divertissant qui se lit d’une traite ! Sus aux Némésis ! Miceal