FESTIVAL INTERNATIONAL DE STREET ART RÉUNION GRAFFITI 2020 #2 – 12 AU 25 OCTOBRE 2020

Réunion Graffiti, du 12 au 25 octobre 2020, à Saint-Denis (Ile de la Réunion)

Le festival international de street art Réunion Graffiti a vu le jour en octobre 2019 grâce à la collaboration entre associations locales, artistes nationaux et internationaux, partenaires institutionnels et privés, mais aussi le précieux soutien de Jean-Raoul Ismaël, collectionneur d’œuvres d’art contemporain et de street art.

Forts du succès rencontré, les organisateurs – l’Association Fat Cap, l’équipe de Jean-Raoul Ismaël et l’artiste Lazoo – ont décidé de produire une deuxième édition.

Le contexte sanitaire mondial dans lequel nous vivons depuis plusieurs mois n’a en rien altéré notre volonté mais nous a obligé à nous questionner.
Cette crise a notamment souligné le besoin de culture en période difficile et a remis en perspective la façon de percevoir notre environnement. Des millions de citoyens confinés ont redécouvert leur quartier, leur espace de vie. Nous avons également appris à respecter de nouvelles règles. Port du masque et distanciation physique font désormais partie de notre quotidien et nous obligent à adapter nos relations sociales. Les événements doivent aussi intégrer ces normes tout en continuant à nous divertir.

Le festival Réunion Graffiti s’est nourri de ces expériences. La programmation 2020 est riche en propositions artistiques tout en s’appuyant sur une approche résolument engagée et citoyenne.

Les murs se feront une fois de plus territoires d’expressions. Ils permettront de laisser une empreinte individuelle et collective sur notre territoire.

Eko LSA
Directeur du festival international de street art Réunion Graffiti

Découvrez toute la programmation du festival
En savoir plus sur le festival : https://reuniongraffiti.re/

AFRO l 100% GRAFFITI, 100% VANDALE

Influencé par les writers parisiens et new-yorkais des années 90, AFRO pratique le graffiti traditionnel à sa sauce à la Réunion après un début sur Paris dans les années 95. Vandale et 100% graffiti, AFRO recouvre les murs de l’île !

Qui es-tu ?
Je suis AFRO, AFRONE, FROA… Artiste Graffiti, avant 2005 je posais FLUT.

Comment as-tu découvert le graffiti ?
Comme beaucoup de monde, en regardant le bord des routes dans les années 80 et également à la TV notamment dans l’émission H.I.P H.O.P. de Sydney[1]. J’ai ensuite atterri à Mantes-la-jolie en 92, en plein essor du Rap. Puis en 95, je me suis retrouvé à Paris, dans un lycée métro Stalingrad, un endroit clé du graffiti (terrains légendaires, magasin Tikaret, une véritable institution dans le hip hop… et j’ai commencé sérieusement l’année suivante en 96.

Parle-nous de ton ou tes crews ?
Je fais partie des KIE depuis mes débuts, et je suis aussi dans le 96PF, un crew récent. KIE a été fondé dans les années 90, j’ai été recruté comme la jeune génération par SKOFE et LOFE.

Le graffiti pour toi c’est quoi ?
Mon point de départ pour beaucoup de chose, apprendre à élaborer et à structurer des projets… C’est surtout une contre-culture, un monde dans le monde. Une sorte d’addiction et de thérapie en même temps.

Plutôt lettrage ou perso ? Pourquoi ?
Les 2. J’étais plutôt Tags et throw-ups, block letters, chromes… Et j’ai, plus tard, fait des pièces colorées. Je fais également des persos.

Pourquoi AFRO ?
C’est un nom que les gars de mon crew m’ont donné. J’ai essayé et les lettres m’ont plu. J’ai donc continué.

As-tu toujours graffé à la Réunion ou tu as aussi voyagé ? Si oui, raconte-nous (les différences, les spots, …)
Alors comme je te l’ai dit plus tôt, j’ai commencé à Paris, ici à la Réunion, c’est très nouveau pour moi. Je n’ai pas vraiment voyagé avec le graffiti mis à part la Belgique, la Suisse, l’Allemagne et la Grande Bretagne… Les Pays-Bas, l’Espagne… OK, j’ai bougé un peu …
Chaque endroit, chaque époque sont très différents. Dur de comparer. Les spots et supports sont sensiblement les mêmes partout ; terrains, rues, roulants…

Pratiques-tu le vandale ? Pourquoi ?
Oui, ça me parait essentiel, écrire son nom c’est la base de cette pratique.

Comment vois-tu l’évolution du graffiti ?
Le graffiti évolue au fil du temps c’est certain : techniques, matériel, infographie. En tout cas je pense que ce mouvement va perdurer… les peintures murales sont éphémères mais parfois intemporelles. Ce qui fera une constante évolution.

Raconte-nous une anecdote/rencontre qui t’as marqué.
A Paris tu rencontres beaucoup de writers, toutes générations confondues. Un jour, je prenais un café rue de Rivoli, il y avait un monsieur plus âgé que moi assis en face de moi, son visage me disait trop quelque chose, je suis allé lui demander si on ne se connaissait… Il me répond avec un accent cainri : “Salut je m’appelle SEEN”, je l’avais vu dans le film “Style War”. Je n’ai pas pensé à lui demander une kasdedi. Legendary allstar.

Une dédicace ? Un dernier mot ?
Big up à tous mes OG’s, ceux qui peignent encore : large up. Une spéciale pour la nouvelle génération qui met l’ambiance !

Aux KIE Crew : LOFE, KLEBS, LIKER, ALCAZ, KOPEA, FLESH, SKOFE, BUENO, GONG, LOMBAR, PARSKE, BAFE N MORE…CISPEO SWC, RUGS THE IRIE, DEKS, MOTYF, SUPANAO, DIAZ, MAKAK, KPTN, ZEMAR, MIAOU… j’en oublie sûrement.

À tous ceux qui me connaissent.
Peace.

[1] H.I.P. H.O.P. était une émission de télévision française diffusée sur TF1, conçue et animée par Sidney, qui a diffusé la culture Hip-hop en France et l’a rendue populaire.

Crédit photo : © AFRO

YPER-BOOK de Repy

Soutenez l’édition d’un livre de throw-up illustrés !

ArtBook-Repy

Arno, alias REPY, graffiti-artiste passionné par la lettre. Il a passé son enfance à Paris les mains toujours prises d’un crayon et d’une feuille. Consacrant son temps libre à l’expression dessinée de ses pensées et à la découverte de différents outils et techniques. A l’âge de 7 ans, il emménage dans le sud et grandit sous un climat propice à la peinture « hors les murs » et l’expression graffiti dont il est tombé amoureux dans les métros de sa ville natale… Fraîchement débarqué à La Réunion, l’écriture reste au coeur de son projet artistique, qu’il développe aujourd’hui également sur toile.

Il réalise actuellement des planches de « throw-up », ou « flop » (forme intermédiaire entre le tag et la pièce) aux feutres à alcool et acrylique sur papier ivoire 165 grammes en format A4 (21cm X 29,7cm).

Il revisite le lettrage YPER (annagramme de REPY) par une multitude de déclinaison de couleurs et d’illustrations. Les retours très positifs aux publications de ces dessins sur son instagram l’encourage à continuer et à aller plus loin.

Son projet aujourd’hui est d’éditer un livre regroupant ces planches ! Et si vous le rejoigniez dans cette aventure ? En précommandant l’YPER-BOOK et/ou en en parlant autour de vous !

Pour soutenir le projet c’est par ici : https://fr.ulule.com/yper-book-de-repy/

Planche Art Book Repy

Soirée de lancement : Graffiti 974 JAM

Visuel de l'affiche

L’événement « GRAFFITI 974 JAM » qui se déroulera les 26 et 27 octobre 2019, est une manifestation culturelle, festive et artistique, organisée dans le but d’offrir au public un panel complet d’activités que représente le mouvement Hip-Hop et de réunir les acteurs de ce milieu.

A cette occasion et en partenariat avec le Downtown St Pierre, aura lieu le jeudi 24 octobre dès 19h : LA SOIRÉE D’OUVERTURE DU GRAFFITI 974 JAM !!!

/// Au programme ///

– Menu spécial « Graffiti 974 »
– Performance live street-art / graffiti
– Exposition éphémère
– Une ambiance hip hop assurée par DR.STEW

Une soirée à NE MANQUER SOUS AUCUN PRÉTEXTE !!!
A ajouter absolument à vos agendas !

Infos et Réservations :
downtownstpierre@gmail.com
0262 08 76 53

A propos du Graffiti 974 Jam

ICE, l’un des pionniers du graffiti made in Réunion

Ice est l’un des pionniers du graffiti made in Réunion. Il revient sur ses souvenirs, ses débuts et ses projets.

C’est au début des années 90 que, collégien, Ice (NSK-SAPOAK-KARSOUNDSYTEM) découvre le graffiti. Il repère rapidement les tags et lettres du crew[1] JTC, Fleo, Skot, Espion, Spike, Kyzer, Odace et Sax. Et puis les graffitis des pionniers LSA, DCA, TDC, MMC, AEP, Karter et Reo dans les rues de Saint-Denis. Il rencontre JACE au bar « Le Rallye » au Barachois que tiennent son père et son frère, à l’occasion du renouvellement de la déco. « Nous sommes en 1992, se souvient Ice. Le Gouzou n’existe pas encore, Jace peint quelques décors de ville, de gros lettrages, des dégradés, des BBoys monstrueux pour l’époque… j’hallucine ! »

En 1995, année décisive, Ice se met réellement au graffiti et crée le crew NSK avec HOZEY (aka Dj Abuzor – Sapoak/Arakneed), DYOZE (aka Fish – Sapoak), MC et quelques autres dalons[2]. « Le crew a compté dans ses plus belles heures plus d’une vingtaine de membres, note Ice. »

Entre 1996 et 1997, les NSK s’allient aux OCB, ils peignent ensemble. Se forment alors les ALC 96/97. Selon lui : « les connexions se créent, les blazes[3] s’imprègnent sur les murs… la musique arrive. »

Est lancé le groupe de rap PCX en 1997 avec DODO, SIR, DEEJO & INTRO (aka Dj Fenom – KarsoundSystem), SEI & AROM. Le Hip Hop est en effervescence sur l’île. Après s’être embrouillés sur les murs avec les Kings de l’époque Eko&Konix (LSA), ils deviennent quasi-inséparables jusqu’au début des années 2000. Les OCB et les LSA s’associent régulièrement pour des fresques et sessions tags. De l’autre côté, Ice devient le backeur[4] sur scène d’Eko. Ce dernier a déjà à son actif un gros répertoire. Grâce à lui, il fait ses premières émissions, ses premières grosses scènes de rap et découvre le studio. Ils quitteront ensemble la Réunion fin 1999, pour tenter leur chance dans la musique.

Pourquoi le graffiti ?

ICE : Des lettres sur un mur, ça m’a tout de suite parlé ! Nous étions une poignée à la Réunion à connaître et à pratiquer le graffiti. Le tag, tout ça a créé un truc spécial. Indirectement ça m’a guidé vers mon métier actuel. Le graffiti a accompagné mes premiers pas de graphiste à Toulouse. J’ai d’abord réalisé des flyers pour des soirées électro dans la ville rose. Ramener le mur dans un espace défini, trouver les typographies, les fonds, les harmonies de couleurs… j’ai découvert mon métier comme ça.

J’ai surtout rencontré tout un tas de personnes qui sont devenus ma famille, mon cercle d’amis proches, des potes avec qui j’évolue depuis toutes ces années. On fait toujours du son ensemble et à l’occasion on peint un mur le dimanche. Mais j’ai surtout trouvé l’âme sœur grâce au graffiti !

Pourquoi avoir mis tout ça de côté ? Raconte-nous la transition du graffiti vers la promotion de la musique hip hop ?

ICE : La musique électronique, la DRUM & BASS !! J’ai mis tout ça de côté pour me plonger dans le mix, squatter les shops de vinyles et les soirées D&B à Toulouse où c’était la « capital of Jungle ». Je « zieute » toujours le dernier chrome sous un pont ou le plus gros tag bien placé des petits nouveaux.

L’âge et l’expérience aidant, la transition s’est faite naturellement. Je suis moins sur le terrain, mais maintenant je maîtrise plus le domaine. Avec de la motivation, en réactivant les réseaux et avec de la passion, le reste se fait tout seul ! DEZORDER est désormais créé.

Comment vois-tu l’évolution de la culture hip hop à la Réunion, depuis les années 1990 à aujourd’hui ?

ICE : Chaque discipline a tracé son chemin et a aujourd’hui sa place mais La Réunion a perdu cet esprit Hip Hop, ce délire de « moove rassembleur » qui a existé à une époque. Au début c’étaient les activistes qui fédéraient le mouvement lorsque tout le monde méconnaissait la démarche du Hip Hop. Il y avait vraiment du talent au commencement mais encore plus aujourd’hui dans la réalisation vidéo. Les beatmakers[5] ont évolué.

Côté rap : Pleins de projets rap sortent : compiles, albums solo, collectifs dans les bas ou en digital… Nous avons des artistes avec de vrais univers et pourtant ça n’a pas vraiment d’impact à l’extérieur de l’île et ça ne déchaîne pas non plus les foules sur le caillou. Il n’y a plus d’émulation : des événements qui sont organisés au compte-goutte, des idées récupérées qui ne fédèrent plus rien… Bref, on reste positif. C’est là qu’on doit s’activer et que tombe le concept de l’émission radio.

Côté danse : Les danseurs, j’ai suivi de loin, je danse très mal (rires) ! La scène est toujours bien vivante, elle s’est développée, s’est professionnalisée. Certains breakers[6] locaux se sont même exportés, participent à d’énormes projets, intègrent des compagnies de danse en métropole, enseignent leur discipline. De purs battles ont lieu aux quatre coins de l’île. Je pense même que c’est la discipline qui se porte toujours aussi bien à la Réunion ! C’est aussi par ce biais qu’est arrivé le Hip Hop ici, vers la fin des années 1980.

Côté graffiti : La scène locale graffiti a toujours été assez active, avec des périodes creuses. On reste sur une île, mais de manière générale, le graffiti à la Réunion s’est toujours bien porté. Chaque génération a apporté sa pierre à l’édifice. Les outils aussi ont facilité l’explosion de cette pratique. A partir des années 2000, les sprays ont commencé à tourner, les pièces sont devenues plus léchées. Les blocksletters[7] sont devenus géants, quelques gars « wanted » ont défrayé la chronique. Ensuite il y a eu l’arrivée de shops de bombes… et depuis c’est la fête !

DEZORDER

Parle-nous de ton émission hip hop « DEZORDER »

ICE : Ce projet est né avec Arom (avec qui je peins et rappe depuis mes débuts), Bouba, activiste bien connu du « moove » dans l’Est et le Nord et Dj Clint, un dj prometteur qui a déjà une belle technique et une sacré selecta US. On anime donc une fois par mois sur les ondes de Capital FM (90.2Mhz) l’émission DEZORDER. On essaye de faire mettre en avant un maximum de projets, de sons et d’artistes locaux via l’émission mais aussi via Facebook. On est passionné et on pratique cette culture depuis plus de 20 ans maintenant, il était temps qu’on propose notre média. Le but est de partager les « kiffs » musicaux de l’équipe, de jouer aussi la nouvelle génération et remettre en lumière le « moove local ».

Le mot de la fin ?

L’histoire continue !

En savoir plus sur l’émission DEZORDER, cliquez ici

[1]Communauté, un groupe de graffeur qui se réunit pour peindre ensemble.
[2] Mot issu du créole réunionnais : un camarade, un ami, un copain.
[3] Nom que l’artiste se donne.
[4] Nom tiré du verbe anglais To back (supporter, en version française), est le premier soutien vocal du rappeur lors des concerts. Grâce à sa maîtrise du répertoire du rappeur, le backeur (qui est très souvent un rappeur lui-même) est en première ligne en cas de perte de souffle ou d’incident technique de l’artiste sur scène.
[5] Un beatmaker est un compositeur de morceaux instrumentaux pour le hip-hop ou le RnB contemporain.
[6] Signifie un membre actif du mouvement hip-hop. Aussi appelé b-boy et b-girl.
[7] Graff au lettrage compact