ICE, l’un des pionniers du graffiti made in Réunion

Ice est l’un des pionniers du graffiti made in Réunion. Il revient sur ses souvenirs, ses débuts et ses projets.

C’est au début des années 90 que, collégien, Ice (NSK-SAPOAK-KARSOUNDSYTEM) découvre le graffiti. Il repère rapidement les tags et lettres du crew[1] JTC, Fleo, Skot, Espion, Spike, Kyzer, Odace et Sax. Et puis les graffitis des pionniers LSA, DCA, TDC, MMC, AEP, Karter et Reo dans les rues de Saint-Denis. Il rencontre JACE au bar « Le Rallye » au Barachois que tiennent son père et son frère, à l’occasion du renouvellement de la déco. « Nous sommes en 1992, se souvient Ice. Le Gouzou n’existe pas encore, Jace peint quelques décors de ville, de gros lettrages, des dégradés, des BBoys monstrueux pour l’époque… j’hallucine ! »

En 1995, année décisive, Ice se met réellement au graffiti et crée le crew NSK avec HOZEY (aka Dj Abuzor – Sapoak/Arakneed), DYOZE (aka Fish – Sapoak), MC et quelques autres dalons[2]. « Le crew a compté dans ses plus belles heures plus d’une vingtaine de membres, note Ice. »

Entre 1996 et 1997, les NSK s’allient aux OCB, ils peignent ensemble. Se forment alors les ALC 96/97. Selon lui : « les connexions se créent, les blazes[3] s’imprègnent sur les murs… la musique arrive. »

Est lancé le groupe de rap PCX en 1997 avec DODO, SIR, DEEJO & INTRO (aka Dj Fenom – KarsoundSystem), SEI & AROM. Le Hip Hop est en effervescence sur l’île. Après s’être embrouillés sur les murs avec les Kings de l’époque Eko&Konix (LSA), ils deviennent quasi-inséparables jusqu’au début des années 2000. Les OCB et les LSA s’associent régulièrement pour des fresques et sessions tags. De l’autre côté, Ice devient le backeur[4] sur scène d’Eko. Ce dernier a déjà à son actif un gros répertoire. Grâce à lui, il fait ses premières émissions, ses premières grosses scènes de rap et découvre le studio. Ils quitteront ensemble la Réunion fin 1999, pour tenter leur chance dans la musique.

Pourquoi le graffiti ?

ICE : Des lettres sur un mur, ça m’a tout de suite parlé ! Nous étions une poignée à la Réunion à connaître et à pratiquer le graffiti. Le tag, tout ça a créé un truc spécial. Indirectement ça m’a guidé vers mon métier actuel. Le graffiti a accompagné mes premiers pas de graphiste à Toulouse. J’ai d’abord réalisé des flyers pour des soirées électro dans la ville rose. Ramener le mur dans un espace défini, trouver les typographies, les fonds, les harmonies de couleurs… j’ai découvert mon métier comme ça.

J’ai surtout rencontré tout un tas de personnes qui sont devenus ma famille, mon cercle d’amis proches, des potes avec qui j’évolue depuis toutes ces années. On fait toujours du son ensemble et à l’occasion on peint un mur le dimanche. Mais j’ai surtout trouvé l’âme sœur grâce au graffiti !

Pourquoi avoir mis tout ça de côté ? Raconte-nous la transition du graffiti vers la promotion de la musique hip hop ?

ICE : La musique électronique, la DRUM & BASS !! J’ai mis tout ça de côté pour me plonger dans le mix, squatter les shops de vinyles et les soirées D&B à Toulouse où c’était la « capital of Jungle ». Je « zieute » toujours le dernier chrome sous un pont ou le plus gros tag bien placé des petits nouveaux.

L’âge et l’expérience aidant, la transition s’est faite naturellement. Je suis moins sur le terrain, mais maintenant je maîtrise plus le domaine. Avec de la motivation, en réactivant les réseaux et avec de la passion, le reste se fait tout seul ! DEZORDER est désormais créé.

Comment vois-tu l’évolution de la culture hip hop à la Réunion, depuis les années 1990 à aujourd’hui ?

ICE : Chaque discipline a tracé son chemin et a aujourd’hui sa place mais La Réunion a perdu cet esprit Hip Hop, ce délire de « moove rassembleur » qui a existé à une époque. Au début c’étaient les activistes qui fédéraient le mouvement lorsque tout le monde méconnaissait la démarche du Hip Hop. Il y avait vraiment du talent au commencement mais encore plus aujourd’hui dans la réalisation vidéo. Les beatmakers[5] ont évolué.

Côté rap : Pleins de projets rap sortent : compiles, albums solo, collectifs dans les bas ou en digital… Nous avons des artistes avec de vrais univers et pourtant ça n’a pas vraiment d’impact à l’extérieur de l’île et ça ne déchaîne pas non plus les foules sur le caillou. Il n’y a plus d’émulation : des événements qui sont organisés au compte-goutte, des idées récupérées qui ne fédèrent plus rien… Bref, on reste positif. C’est là qu’on doit s’activer et que tombe le concept de l’émission radio.

Côté danse : Les danseurs, j’ai suivi de loin, je danse très mal (rires) ! La scène est toujours bien vivante, elle s’est développée, s’est professionnalisée. Certains breakers[6] locaux se sont même exportés, participent à d’énormes projets, intègrent des compagnies de danse en métropole, enseignent leur discipline. De purs battles ont lieu aux quatre coins de l’île. Je pense même que c’est la discipline qui se porte toujours aussi bien à la Réunion ! C’est aussi par ce biais qu’est arrivé le Hip Hop ici, vers la fin des années 1980.

Côté graffiti : La scène locale graffiti a toujours été assez active, avec des périodes creuses. On reste sur une île, mais de manière générale, le graffiti à la Réunion s’est toujours bien porté. Chaque génération a apporté sa pierre à l’édifice. Les outils aussi ont facilité l’explosion de cette pratique. A partir des années 2000, les sprays ont commencé à tourner, les pièces sont devenues plus léchées. Les blocksletters[7] sont devenus géants, quelques gars « wanted » ont défrayé la chronique. Ensuite il y a eu l’arrivée de shops de bombes… et depuis c’est la fête !

DEZORDER

Parle-nous de ton émission hip hop « DEZORDER »

ICE : Ce projet est né avec Arom (avec qui je peins et rappe depuis mes débuts), Bouba, activiste bien connu du « moove » dans l’Est et le Nord et Dj Clint, un dj prometteur qui a déjà une belle technique et une sacré selecta US. On anime donc une fois par mois sur les ondes de Capital FM (90.2Mhz) l’émission DEZORDER. On essaye de faire mettre en avant un maximum de projets, de sons et d’artistes locaux via l’émission mais aussi via Facebook. On est passionné et on pratique cette culture depuis plus de 20 ans maintenant, il était temps qu’on propose notre média. Le but est de partager les « kiffs » musicaux de l’équipe, de jouer aussi la nouvelle génération et remettre en lumière le « moove local ».

Le mot de la fin ?

L’histoire continue !

En savoir plus sur l’émission DEZORDER, cliquez ici

[1]Communauté, un groupe de graffeur qui se réunit pour peindre ensemble.
[2] Mot issu du créole réunionnais : un camarade, un ami, un copain.
[3] Nom que l’artiste se donne.
[4] Nom tiré du verbe anglais To back (supporter, en version française), est le premier soutien vocal du rappeur lors des concerts. Grâce à sa maîtrise du répertoire du rappeur, le backeur (qui est très souvent un rappeur lui-même) est en première ligne en cas de perte de souffle ou d’incident technique de l’artiste sur scène.
[5] Un beatmaker est un compositeur de morceaux instrumentaux pour le hip-hop ou le RnB contemporain.
[6] Signifie un membre actif du mouvement hip-hop. Aussi appelé b-boy et b-girl.
[7] Graff au lettrage compact

Disek, le graffeur voyageur

Après avoir arpenté le monde pendant deux ans, DISEK pose ses valises à la Réunion. Originaire de Paris, le graffiti est devenu pour lui un échappatoire. Il parcourt les rues de l’île pendant huit mois à la recherche de murs où ces couleurs gravitent entre explosion graphique et méli-mélo de lettres.

– Qui es-tu ? Blaze, depuis quand graffes-tu, d’où viens-tu ?
Disek, j’ai grandi en banlieue parisienne et j’ai commencé à taguer en 1997

– Pourquoi le graffiti ?
Quand j’ai commencé j’étais paumé, j’avais l’impression d’errer dans la société sans y trouver ma place. En éclatant les rues j’avais l’impression de balancer  ma rage sur les murs, de crier « je suis là » à un système qui me snobait. Quand tu vis dans une grande ville c’est vraiment impersonnel, t’es juste un anonyme dans la masse… le graffiti c’est un peu un moyen de pas te laisser bouffer par tout ça, une manière de te sentir exister dans un endroit où tout le monde n’est personne.  Aujourd’hui les raisons qui me poussent à sortir peindre ont changées, mais ça reste un échappatoire.

– En crew ou seul ? et pourquoi ?
A part avec quelques personnes avec qui j’ai mes habitudes, dans la rue je préfère peindre seul. J’ai eu plusieurs crews par le passé, mais aujourd’hui je me suis affranchi de tout ça. J’ai pas besoin d’un truc formel pour savoir qui sont mes amis.

– Depuis quand es-tu à la Réunion ? Et pourquoi ?
Ça va faire huit mois que je suis à la Réunion. Je cherchais un endroit ou me poser après presque deux ans à parcourir le monde. J’avais rencontré pas mal de gens qui m’avaient fait l’éloge de l’ile… le vivre ensemble ça me parlait…  Je me suis dit ça vaut le coup d’aller voir.

– Le graffiti à la Réunion c’est comment ?
Ahah… le graffiti à la Réunion c’est plutôt détendu : jusque-là tous les graffeurs que j’ai rencontré sont bonne ambiance et peindre dans la rue reste quand même assez facile… Il y a vraiment un bon accueil et les gens sont assez ouverts, même quand tu ne fais que des lettres. Évidement  il y a toujours des exceptions, comme ce jour où une fan de street-art zélée et une ancienne galeriste, nous ont « poukave » et envoyé la police..  Ce qui est marrant, c’est de voir que les gens qui n’ont rien à voir avec le mouvement t’encouragent, et que ceux qui gravitent autour, essaient de te mettre des bâtons dans les roues.

– Vandale ou pas ? Pourquoi ?
Perso, l’ile est magnifique et les gens qui y habitent sont plutôt cools, du coup je me vois pas saccager la rue… je trouve que le lieu ne s’y prête pas. On est assez loin des grandes tours de béton et de l’ambiance de merde qui te donnent envie de tout défoncer. Maintenant faire un mur à l’arrache ça reste la partie la plus marrante du truc… mais pour être franc, si tu fais de la couleur, t’as beau taper la rue en pleine journée, à moins de tomber sur un proprio « véner », le risque reste très limité.. t’es pas en train de braquer une banque, c’est juste un peu de peinture sur un mur…

– Ton ressenti sur l’évolution du graffiti en général ?
Le graffiti a beaucoup changé. Le street-art est arrivé et a tout démocratisé. Avant on se faisait insulter dans la rue, maintenant les gens viennent te remercier pour la couleur. C’est aussi beaucoup moins caillera qu’avant, c’est devenu un truc à la mode et ça attire un peu tout et n’importe quoi… pas mal de gens qui n’ont jamais touché une bombe de leur vie mais qui veulent t’apprendre ce qu’est le graffiti.. bref la peinture j’préfère en faire qu’en parler.

Crédit photo : Disek

3GC : « Un crew déjanté et mordu de graffiti »

Après avoir organisé de nombreux jams sauvages « Bordeaux sous les bombes », « Back to School », 3GC compte quinze membres actifs à ce jour. Déjantés et mordus de graffiti, ils ont créé en 2017 la première édition du Shake Well Festival à Bordeaux. Un crew motivé et motivant qui a encore plein d’énergie à revendre. GAMS répond à nos questions.

Qui sont les 3GC et d’où viennent-ils ?

Le collectif est originaire de l’ile de La Réunion (974) et a été fondé en 2005. Cependant au fil des années et des études de chacun, les membres fondateurs se sont expatriés aux 4 coins de la France et en Australie. Certains Bordelais et Montpelliérains nous ont rejoint en cours de route. Aujourd’hui l’équipe compte une quinzaine de membres actifs.

Que veut dire 3GC et quand est-ce que vous avez commencé à peindre tous ensemble (dans quel but) ?

3GC pour 3 Grammes dans le Cerveau, car en plus de cette passion pour la peinture, on a, pour la plupart, un faible pour la fête et la débauche. Nos grosses fresques familiales sont souvent accompagnées d’apéros et ça finit généralement à 3 grammes. Heureusement, avec l’âge cela se calme un peu. On a réuni les mecs qui était dans ce délire et on en a fait un crew ! (Rires) Le but étant de se retrouver autour d’une bonne biture/peinture/BBQ.

Pratiquez-vous toujours le vandale ?

Moins qu’au début mais certains acharnés sont toujours présents.

Quel a été votre mur/spot le plus dingue ?

Difficile de parler au nom de toutes l’équipe, mais des souvenirs comme la découverte de la Caserne Niel à Bordeaux (+ de 30 hectares) quasiment vierge ou encore les fresques géantes à plus de 50 graffeurs qu’organise KENZ dans le Verdançon à Montpellier chaque année sont des souvenirs qui resteront gravés à jamais dans nos esprits.

Vos influences ?

En plus des peintures que l’on pouvait voir dans nos quartiers respectifs, je pense qu’on est tous issu de cette « génération magazine » comme dirait les anciens. Les Gettin Fame, les Graff It, Graff Bombz, etc… Même si certains le nient par fierté, d’une manière ou d’une autre cela nous a influencé.

Vous avez fait partie en juillet 2017 de l’organisation du Shake Well Festival à Bordeaux, comment en vient-on à organiser un tel festival ? dans quelle optique ? quels ont été les retombés ? à quand le prochain ?

On était à la recherche de plus grandes surfaces d’expression pour nos propres fresques… On a commencé par répondre à un appel d’offre, en proposant à la ville d’exploiter des surfaces inoccupées. De fil en aiguille, l’occasion s’est présentée et au lieu de peindre ces surfaces par nous-même, on a décidé de faire partager cette passion avec le plus grand nombre et de créer le festival Shake Well.

C’est la consécration de plusieurs années à organiser des jams sauvages sur des grosses surfaces avec beaucoup de monde (Bordeaux sous les bombes, Back to School, etc..). Le but étant d’exploiter les friches et terrains vagues et de mettre en valeur le travail de chacun aux yeux de tous. On a eu la chance de bénéficier de cette « mode » avec le Street-art et c’est ce qui nous a permis de développer des événements de cette ampleur. On met tout en œuvre pour réaliser une édition chaque année et espère que cela continuera pour 2018 et les années suivantes.

Que pensez-vous de l’évolution du graffiti ? 

Je trouve intéressant que cet art sorte de l’underground et qu’il soit enfin reconnu, que les institutions lui donnent de la crédibilité. Cela permet aux artistes de se surpasser et de proposer des choses toujours plus impressionnantes. Il faut tout de même faire attention aux arrivistes et autres requins qui surfent sur la vague en ignorant les codes de cette culture.

Vos futurs projets ?

La 3ème édition du SHAKE WELL Festival prévu pour cet été.

avec dorms, moi,kems, gams, Mr wesh, seron, kenz, sabr, bros

Anecdote bon

us :  » Une des dernières en date est signée COLYR. Lors de l’organisation du SHAKE WELL 2017, devant le grand nombre de candidature que nous avons reçu, le manque de place disponible et le manque de matériel, COLYR, après un débat (et un apéro) houleux, est parti « débroussailler » à la voiture bélier une zone en friche que nous ne pensions pas utiliser car trop envahi par les ronces. Personne ne l’a vu faire car il a agi de nuit. On l’a retrouvé le matin, la voiture éclatée, le nez en sang… alors qu’on pensait qu’il était rentré dormir chez lui… cependant la zone était clean ! « 

CUBE – De la lettre au portrait

Le street-artiste CUBE nous a ouvert les portes de son atelier et de son univers.

Passionné de graphisme, de dessin et de lecture, CUBE développe ce type d’œuvre depuis 2013. Une technique innovante où patience se mêle à la passion. En effet, ses œuvres sont composées de plusieurs centaines de lettres en vinyles prédécoupées, de la typographie Times New Romance. L’œuvre terminée représente un portrait, tantôt coloré, tantôt contrasté. Ce time lapse est le résultat d’un travail de plus de 6 heures et 600 lettres collées une à une.

En savoir plus sur CUBE : Facebook

 

 

LE CHAT PAPA – Un chat pas comme les autres

Cela fait quelques mois déjà, qu’un chat pas comme les autres se balade à la Réunion. Heureux, en colère, malicieux, angélique, ce chat laisse ses humeurs sur les murs de l’île.  DWANE est un street-artiste mais avant tout un papa qui souhaite apporter du bonheur à sa fille et au public sur le chemin de l’école ou du travail.

© Le Chat Papa
© Le Chat Papa

– Qui es-tu ? (Blaze, d’où viens-tu ?)

Réunionnais, né à la Réunion au début des années 80. J’ai grandi dans le sud entre Petite-Île et l’Étang Salé. Plus tard, j’ai passé 3 ans à Berlin peu après la chute du mur. C’est là que j’ai découvert le street-art.

Pour le Blaze, c’est plus compliqué. J’en ai eu beaucoup. Au début, c’était surtout des associations de lettres sans vraiment de signification. Un temps, j’ai posé INC (ink) entre 2000 et 2004, rapport à la conception d’encres maisons pour du vandalisme pur et dur. Mais à l’arrivée de la marque locale « INT » (dont le lettrage laissait planer le doute entre le « c » et le « t »), je suis passé à autre chose. Pendant quelque temps, je ne posais plus de blaze, mais des persos en affiche sans pseudo. Plus tard, je les ai accompagné de « DWANE »… (DOUANE – DO ONE…) Un nom qui ressemble à un prénom féminin et qui peut te donner des sueurs froides (rires) ! Aujourd’hui, j’ai associé DWANE et Le Chat Papa, avec une plus grosse tendance pour Le Chat Papa. Mais ça évoluera sûrement encore.

© Le Chat Papa

– Pourquoi le chat papa ?

Le Chat Papa, c’est rapport à ma fille. Je dessinais donc beaucoup de chats, et elle les appelait les « Chapapa » en un mot. Un petit clin d’œil à elle.

© Le Chat Papa

– Depuis quand dessines-tu ?

Je ne sais pas trop. J’ai toujours dessiné un peu : sur les marges des cahiers de classes, sur les tables du lycée. J’ai beaucoup exploré la calligraphie à un moment, qui ressemble beaucoup à du dessin ! Mais je n’ai jamais été bon (rires) !

© Le Chat Papa x KMIS3
© Le Chat Papa x KMIS3

– Pourquoi peindre sur les murs ? Qu’est-ce que cela t’apporte ?

La peinture sur les murs… Ma motivation par rapport à ça a évolué elle aussi… Plus jeune, c’était essentiellement du vandalisme. J’ai passé beaucoup de temps dans les métros berlinois, et nous étions entourés de graffitis. Quand j’ai eu ma première bombe entre les mains, c’était pour ruiner des centres commerciaux désaffectés de la zone française.
Plus tard, mon objectif était de voir mes pièces quand j’allais à la fac. Du coup, il y avait des graffs un peu partout entre ma maison et la fac.
Aujourd’hui, je me remets à la peinture parce qu’elle permet beaucoup plus de supports que les affiches. De plus, on peut faire des choses vraiment plus grandes et colorées ! C’est une de mes motivations principales. Les couleurs sur le béton ! En plus, ma fille est toujours fan de mes chats, alors si je peux en mettre un ou deux sur son chemin de l’école, ça la rend heureuse quelques secondes, et moi quelques jours.
Ce sont des lignes et des courbes de couleurs que tu poses sur le mur… La concentration que ça implique te fait oublier le reste le temps d’un instant. Sans oublier l’adrénaline ! Ça ne remplace pas le surf, mais il y a par moment un ressenti similaire sur l’apaisement lors de la pratique.

© Le Chat Papa x CEET
© Le Chat Papa x CEET

– Pourquoi le street-art ?

J’ai toujours été attiré par ces couleurs, ces lettrages, ces messages. Et puis le fait de rendre l’art accessible à tous, je trouve ça juste génial ! Il fut un temps où celui qui voulait peindre devait faire des grandes écoles d’art. Aujourd’hui, ça s’est vraiment démocratisé. De plus, c’est un moyen de reprendre les espaces d’expression pris par les panneaux publicitaires ! Ils nous imposent leurs filles à moitiés nues et leurs grosses voitures. C’est quand même moins triste de voir un petit chat rose que des choses que tu ne pourras jamais te payer !

© Le Chat Papa

– Tes projets pour 2018 ?

Peindre, peindre et peindre…. Essayer de faire quelques toiles et peut être des expos si l’occasion se présente. Essayer des plus gros projets sur des plus gros murs avec d’autres artistes. Peindre ailleurs qu’à la Réunion, rencontrer d’autres artistes. Peut-être me lancer dans le tattoo si j’ai un peu de temps. Il faut se donner les moyens de faire ce que l’on aime, et essayer le plus de choses possibles !

© Le Chat Papa

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Crédits photos : Le Chat Papa