Paris Tonkar magazine #6
Je suis heureux de vous proposer pour ce sixième numéro le portrait d’un acteur majeur du graffiti français des premières années. Avec Yann et Hélios, le choix de Number 6 nous paraissait évident ! Pour moi, c’était aussi une manière de faire un clin d’œil à 1Tox qui lui avait consacré une couverture pour le numéro 4, avec d’autres PCP. Grâce à deux photographes parisiens et une belle interview de Miceal, vous pourrez découvrir le Los Angeles des Gangs et des barrios avec en exclusivité pour notre magazine, des photographies non publiées dans L.A. Kingz ! Et comme d’habitude, nous avons donné la parole à des anciens du graffiti, des plus jeunes, des artistes urbains et des amateurs de sensations fortes dans les endroits les plus interdits de nos villes… Bref, un numéro haut en couleurs !
Enfin, vous pourrez retrouver des films sur les événements breakdance et certaines séances de collage à Paris sur nos chaînes Web et sur le site du magazine. Une pensée accompagne toujours mes nombreux amis en Syrie, les peuples européens qui se font racketter et tous ceux qui souhaitent plus de justice et de respect. Tenez bon, le droit finit toujours par triompher !
Je vous souhaite une bonne lecture et à très bientôt sur nos différents sites, ainsi que dans International Hip-Hop qui parle de plus en plus de graffiti.
TBY
Writer d’un jour : Stesi
» Le graffiti, je l’ai découvert par le biais de mon frère, Sirius. Quand je commence à poser moi-même, en 1997, se pose la question du choix du blaze. Novice, pas spécialement doué en dessin, bouillant d’impatience de poser à mon tour, essaye de récupérer diverses phases des anciens comme par exemple le « e » de MODE 2 .Dans un premier temps, ces emprunts me donnent un style de toy, inévitablement. Totalement passionné, l’assiduité me permet de gagner en indépendance stylistique, de m’affranchir de mes modèles, pour finalement aboutir à ce qui deviendra et restera mon flop.
J’enchaîne les pièces, me met au freestyle, et compose avec les joies du vandal. Quelques courses poursuite dans le métro, dans les gares, dans les rues de Paris… L’exaltation me fait souvent oublier que la frontière entre adrénaline et risque réel est allègrement franchie.
Parfois l’histoire se termine bien, et me laisse un bon souvenir. Je repense à la fois où je peignais tranquillement sur le toit du siège social d’une grosse boîte, au beau milieu d’une des places les plus fréquentées de Paris. Débarque une patrouille de police, j’ai dû rester immobile un sacré moment, juché sur mon échafaudage, comme un cambrioleur pris en flag.
Mais trop souvent l’aventure s’achève au commissariat, les amendes s’accumulent, l’attrait de l’interdit s’essouffle, là où l’aspect artistique prend toute son ampleur.
Je délaisse alors le graffiti sauvage, pour me tourner vers des supports qui me permettent de prendre mon temps et de peaufiner mon style. L’art contemporain m’éveille à la peinture abstraite, je me prends une claque en découvrant Pollock, Bacon, ou l’œuvre fascinante de paradoxe et d’exactitude de Escher.
Aujourd’hui, si j’ai définitivement tourné le dos au vandale pour me consacrer à la toile, je dois pourtant reconnaître que peindre un camion reste mon pêché mignon. »
Photos : Stesi