Athènes graffiti

À l’heure où l’Europe, et la France en particulier, dégringolent dans le ravin des politiques d’austérité, la rédaction de Paris Tonkar suit de près la situation politique et artistique de la Grèce. Les citoyens, mis à genoux par les intérêts des créanciers de la dette, s’expriment et s’organisent comme en avait rendu compte l’article d’Oré dans le numéro 13. Voici à nouveau des images des murs d’Athènes où la densité picturale des murs est sans doute la plus massive d’Europe. Les messages politiques s’affichent bien au-delà d’Exarchia, quartier anticapitaliste, se mêlent  aux signatures des graffeurs locaux et internationaux ainsi qu’à celles des groupes de supporters. Tels des chants silencieux d’esclaves, l’explosion graphique donne à la capitale grecque un air de liberté.


015prstonkar_01_84Vous pouvez retrouver d’autres articles et dossiers dans le numéro #15 de notre magazine en version papier.

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Interview des VLP

Vive La Peinture est un groupe pionnier et singulier du graffiti en France. Né dans le sillage de la culture rock au début des années 1980, non seulement il n’a jamais interrompu sa carrière, mais il continue de réinventer la peinture tout en restant fidèle à ses racines de la rue. Paul McCartney nous avait avertis que notre vision du monde passerait du noir au blanc à la couleur après la naissance du rock’n’roll ; nous pouvons en dire autant à propos du graffiti. En effet peindre dans la rue est – même si les années nous le font un peu oublier – une révolution qui a changé notre manière de voir la peinture et la ville. Les VLP nous le rappelle dans cet entretien où le duo décrypte quelques-unes de ses préoccupations artistiques : la musique bien sûr mais aussi la place de la peinture dans le champ des arts plastiques, la réception d’une œuvre par le biais de la performance et de la rue, les couleurs primaires, l’influence du support sur la manière de peindre, la figure de l’artiste… Un partage précieux d’une expérience au long court.

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Vous avez récemment réalisé une fresque monumentale dans le quartier de Beaubourg. C’est justement dans ce quartier que vous avez commencé à peindre, il y a plus de 30 ans en arrière…
C’était plus précisément sur les palissades de chantier autour du « trou des halles » [nom donné au chantier qui prend place suite à la destruction du marché de gros des halles, transféré à Rungis. C’est l’actuel emplacement du Forum des halles – NDLR]. Mais avant cela on peignait dans les catacombes. C’est là où on s’est rencontré. On faisait des performances sous Denfert-Rochereau où l’on accédait par des entrées situées sur la Petite Ceinture. À cette époque VLP comptait un troisième membre, Martial Jalabert. Au départ chacun y allait de son côté. Et puis on s’est retrouvé là dans une fête punk en 1983. C’est notre vision commune de la peinture qui nous a réunis.

Vous étiez déjà bien ancrés dans la culture rock, et votre volonté de créer un groupe de peintres sur le modèle d’un groupe de musique n’est pas innocente. Quels liens faites-vous entre la peinture et la musique ?
Comme Picasso qui a cassé sa guitare, le punk a cassé la musique pop qui devenait de la soupe. Pour bien comprendre le contexte, quand on était gamins les gens écoutaient Luis Mariano et des trucs dans le genre… c’était horrible ! Nous on portait la banane et des Levi’s qui étaient difficile à trouver – à l’époque porter des jeans était très mal vu. Pour nous, le rock a été fondateur avec la nouvelle culture qu’elle apportait. VLP est un groupe de peintres qui s’inscrit dans ce mouvement. Et en peinture non plus on n’avait pas envie de faire ce que tout le monde faisait. Paul McCartney utilisait une métaphore visuelle quand il disait qu’avant le rock’n’roll le monde était en noir et blanc et qu’après il était en couleurs.

Parmi la poignée d’artistes urbains que comptait Paris à vos débuts, il y a les pochoiristes. Contrairement à eux, vous avez choisi de peindre à une grande échelle et sous une autre forme, ce qui était nouveau à l’époque. Comment l’idée de mettre la peinture dans la rue vous est-elle venue ?
À cette époque la peinture était considérée comme morte. La tendance était aux œuvres conceptuelles et à la vidéo qui se développait. Et nous on voulait devenir peintres sans pouvoir rivaliser avec l’art conceptuel, faute de moyens et de visibilité dans les galeries. D’ailleurs les  jeunes peintres n’intéressaient pas les galeristes ; certains profs aux beaux-arts disaient également que c’était un métier de vieux ! On n’a pas essayé de lutter contre ça mais nous avons cherché d’autres façons de pratiquer. Peindre dans la rue, les catacombes, les usines désaffectées, était une pratique que personne ne faisait à l’époque. C’est ce qu’on a fait en amenant l’art dans la rue, en œuvrant sur des cimaises immenses dans une liberté totale. Les gens pouvaient venir discuter pendant que l’on peignait. L’art était vivant, en train de se faire.

Au début des années 80, des courants comme la Trans-avant-garde ou la figuration libre ont également contribué à faire exister la peinture, alors dans l’ombre de l’art conceptuel. Peindre était devenu une pratique underground…
On peut citer aussi Francis Bacon. C’est en partie grâce à lui que la peinture a pu revenir au premier plan. Il a été un sauveur pour tous ceux qui comme nous aimaient la peinture. Quand peu après les VLP sont nés les nouveaux fauves en Allemagne et les Trans-avant-garde en Italie, la peinture était relancée.

Très rapidement vous avez cherché une interaction forte avec le public en proposant des performances…
À partir de 1985, on a fait des performances. On a été invités au Palace, à la Locomotive, au Rex Club avec des groupes comme Depeche Mode, The House of Love etc. Récemment on en a fait une au Baron avec un groupe psyché. Peindre en direct nous plaît beaucoup.

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Images : Hervé Abbadie et Benoit Macé


015prstonkar_01_84Vous pouvez retrouver l’intégralité de cette interview dans le numéro #15 de notre magazine en version papier.

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« Occupation visuelle », graffitis de Santiago et São Paulo

Ce livre-objet édité chez Ombú éditions propose des clés pour appréhender la saturation d’écritures urbaines sur les murs des villes occidentales et latino-américaines. Il est le fruit de rencontres, mais aussi d’un travail photographique et filmique. Il est le lieu d’une réflexion sur les discours qui entourent des pratiques généralement clandestines, sur la criminalisation qui accompagne d’ordinaire l’examen de ces acteurs particuliers dans la ville.

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Jean-Baptiste Barra et Timothée Engasser, tout en étant à l’écoute de ces graffeurs et en restituant leurs paroles, tentent de mettre à distance les stéréotypes liés à ces pratiques et la stigmatisation qui en découle trop souvent. Ces deux regards complémentaires et complices abordent la jungle urbaine et murale, qu’elle soit sur le mode du tag à Santiago du Chili ou sur le mode de la pixação à São Paulo, pour mieux nous faire partager des codes graphiques, nés d’héritages et de traditions méconnus.

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Nul doute que les tagueurs et autres pixadores créent des réseaux complexes où coexistent la compétition tout autant que le partage de ces pratiques scripturales, que nous percevons comme sources de conflit alors qu’elles peuvent être également sources de reconnaissance. Marques identitaires de communautés constituées aux marges des espaces urbains, ces mots et signatures n’arrivent pas forcément à se transformer en slogan mais attestent d’une violence au cœur de nos sociétés. Toute réponse n’est cependant pas de l’ordre de l’effacement lorsque l’on s’attache aux réflexes des institutions en charge de la protection de l’espace public et contre lequel « s’insurgent » les tagueurs : aux côtés des deux auteurs, on ne peut que s’interroger sur les renversements d’images et les récupérations artistiques effectuées par des autorités urbaines, dans le but de recycler, absorber, altérer la charge de contestation incluse dans ces éclats graphiques.

Source : éditeur

Voici deux rencontres filmées, réalisées par les auteurs en amont du livre Occupation Visuelle :

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« Movimiento » par Kenor

Depuis une quinzaine d’années l’artiste Kenor enchaine exposition et fresques monumentales à travers le monde. L’influence des peintres de XX ème siècle croise sans cesse sa pratique du mural urbain. Ses œuvres doivent beaucoup à son ardente énergie spontanée mais également à une construction élaborée. Son style accorde une grande valeur à la couleur, moteur essentielle de son travail.

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Au fil des années, Il expérimente peu à peu la dynamique de cette ligne originelle tracée à l’aérosol sur un mur délabré. Cette ligne, qu’il utilise sur ses toiles comme transfiguration du rythme et du mouvement. La danse et la musique sont, en effet, des éléments indissociables de son travail. Et l’on peut dire que ses œuvres, toiles ou sculptures sont, une incessante quête de la meilleure traduction possible d’un moment musical qui à pour but de transmettre une pulsion positive du monde.

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