L’association LORD propose du 18 mai au 21 mai à La Rochelle: Jam graffiti, concerts et l’avant première du film d’animation MUTAFUKAZ!!!
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Contact: LORD
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Entretien avec Erod, rencontré lors de la jam du Springtime Delights festival à La Rochelle…
Peux-tu nous raconter ton parcours…
J’ai débuté en 1992, à 17 ans dans la ville de Vitry-sur-Seine, en plein âge d’or de la culture Hip-Hop.
Je pratiquais le skate: le sport et la rue…J’ai touché ma première bombe de peinture pour réaliser un mur complet dans le garage d’un pote; habituellement on débute par le tag, pour moi ce fût directement la réalisation d’une fresque !
À l’époque, la seule référence dont on pouvait s’inspirer était un magazine nommé «1tox».
J’effectuais beaucoup de lettrages au départ, des blocks, du wild style mais aussi des persos avec des B-boys etc.. Puis est arrivé la 3D, j’ai craqué, comme l’évidence de l’établir à mes lettres! Je l’ai beaucoup développé par la suite, la réalisant en abstrait, et l’associant très souvent à des portraits. L’abstrait m’a ouvert à une multitude de formes car elle offre aucune limite, c’est une continuité me permettant de travailler différemment aujourd’hui. Je me sens moins bloqué, je m’accorde des courbes qu’auparavant je ne me permettais pas. Même au niveau de la 2D, il m’arrive de déstructurer mes lettres, je ne les réalise plus complètement fermées, ce qui me permet de les personnaliser.
Tu as pratiqué du vandale ?
À l’époque je pratiquais des sessions sauvages dans les rues de Vitry et différentes villes du 94 comme Ivry. On s’ennuyait le samedi soir, alors après Rapline sur M6, on partait en mission arrache à trois ou quatre pour aller cartonner. J’ai ensuite déménagé à La Rochelle où j’ai continué le vandale un bon moment.
Dès que je partais en vacances, j’emmenais toujours des bombes et des marqueurs pour me taper des petits spots. J’ai donc cartonné un max de supports, dont les incontournables : métros, trains, cabines téléphoniques… Pendant cette période très active, je me suis fait arrêter ou contrôler plusieurs fois, avec quelques courses poursuites, (Vitry, Amsterdam, et différentes villes de province) mais j’ai eu beaucoup de chance… Je m’en suis toujours bien sorti, pas d’amendes ni de poursuites judiciaires. Pourtant à La Rochelle ils avaient un classeur avec pas mal de photos!
Je me suis calmé lorsque j’ai commencé à bosser. Il m’arrive parfois de ressortir le fatcap pour le plaisir, j’ai toujours ça en moi! Un petit vice super agréable… Lors de mon voyage à Miami, j’ai terminé un graff dix secondes avant que les flics arrivent.
C’était dans une rue du ghetto, car pour peindre là-bas c’est infernal! Il faut demander l’autorisation à une galerie, afin d’obtenir le droit de peindre un mur, c’est vraiment le « graffiti business », la perte de l’essence même du graffiti. J’ai fait une deuxième session sauvage, sur une île dans un endroit désaffecté, un gradin pour activités nautiques. L’illégal aux States, c’est à accomplir une fois dans sa vie en tant que graffeur…Une pure sensation!
Qu’est-ce qui influence ton travail ? Où puises-tu tes inspirations ?
Tout m’inspire…du moment où visuellement, j’ai une émotion.
Ça peut être dans le choix des couleurs, même si les formes me déplaisent; une courbe dans un ensemble, une œuvre dans sa totalité… La photo d’une femme sur un magazine de mode, le jeu de lumière sur son visage ou sa posture vont m’aiguiller pour une prochaine production.
Les voyages sont évidemment une source d’inspiration très riche. Lors de mon voyage à Miami, j’ai visité les stands d’art contemporain d’Art Basel, en plus des fresques graffiti/street art à l’extérieur; une très forte source d’inspiration pour mes prods à venir.
Je suis très attentif à ce qui s’opère sur les réseaux sociaux, me permettant de prendre la tendance du mouvement et d’être toujours réactif aux nouveautés, même si je ne les suis pas dans mes réalisations. Vu l’essor actuel du graffiti et du street art, j’aime découvrir les productions d’autres artistes, suivre la création à l’échelle internationale. M’ouvrir également à de nouvelles couleurs, de nouvelles mises en pages…et progresser. J’ai aussi la chance d’avoir des contacts précieux sur Paris me tenant informé de l’actualité des expositions graffiti, street art… S’inspirer donc, mais ne jamais copier, la base!
Parle-nous de ta technique… Comment l’as-tu fais évoluer depuis tes débuts ?
Au départ comme tout le monde, avec des bombes de mauvaise qualité, dont certaines avaient des caps femelles rendant des traits très larges, incontrôlables…On s’est vite adapté aux nouvelles techniques avec l’évolution des fabricants de bombes, un changement radical à notre pratique; notamment le « noir transparent » pour les ombrages, qui a changé ma façon de peindre sur mur, c’est indéniable !
Concernant les toiles, je réalise des techniques mixtes selon l’effet que je souhaite proposer. Souvent des fonds à la bombe avec des projections, des effets de transparence, du réalisme avec des touches graphiques. Mais le trait de la bombe a toujours été trop large pour effectuer ce réalisme sur petits formats; d’où l’intérêt de m’être mis à l’aérographe. Je mixe donc l’aérographe, la bombe avec les pinceaux et les stylos de peinture sur mes toiles.
Tu associes l’hyperréalisme et la 3D, deux styles où la technique et les exigences graphiques demandent beaucoup de précision, de perfection, parle-nous-en…
Sur mur, je me sens à l’aise, ça fait quasiment 25 ans que je pratique. J’arrive encore à progresser en appliquant à la bombe certaines techniques apprises via l’aérographe, ce qui me permet davantage de précision. Sur toile, c’est un peu différent, je peux réaliser une toile en trois jours comme en plusieurs semaines…Tout dépend du motif, des imperfections pouvant apparaître selon les peintures et les techniques utilisés. Quand une couleur ne repasse pas, quand un surplus de matière vient s’incruster, lorsqu’il faut travailler les détails au demi-millimètre ou déboucher son aérographe, (la liste est longue), on peut perdre un temps fou simplement pour un détail. L’hyperréalisme peut donc frustrer, comme apporter une énorme satisfaction lorsqu’une toile est enfin terminée !
Au final, j’aime le mélange; la précision du détail rendu par l’aérographe contrastant avec le déstructuré, l’arrache du graff par les bombes. J’adore les contrastes !
Tes visages (très souvent féminins) proches de la photo sont souvent associés avec le mouvement de la 3D, donnant un côté spirituel…
C’est pour représenter le principe de la « loi de l’attraction ». Pour faire simple, nos pensées sont des ondes se transformant en particules, donc en matière. En clair, on attire dans la vie ce à quoi on pense! La pensée façonne l’énergie, le positif attire le positif, et inversement. Du coup, je déstructure mes 3D qui représentent la matière, et j’y ajoute du flouté pour définir les ondes, afin de représenter ce concept apparemment concret. Des expériences scientifiques l’ont prouvé, notamment en physique quantique. Je m’y intéresse depuis quelques années, voilà pourquoi j’induis des petites touches dans mes prods car ce principe me touche réellement. Concernant les visages féminins, c’est artistiquement plus esthétique à représenter qu’un visage masculin, et je prends du plaisir à dessiner les femmes.
As-tu un rêve de peinture et/ou de support que tu souhaites réaliser ?
J’avais un rêve de peinture, celui de peindre sur la coque d’un bateau et je viens de le réaliser: un chrome sur un petit bateau dans un lieu désaffecté, ce n’est pas colossal, mais ça c’est fait! Suite à ma pièce avec la Cadillac, je souhaiterais me lâcher sur d’énormes fresques avec des thèmes précis, les établir en plusieurs jours voir en plusieurs semaines de boulot et me faire plaisir sans avoir à stresser qu’on me repasse! C’est une suite logique concernant mes aspirations…
J’ai un projet venant d’être validé…Mais je ne peux encore rien dire…
Quel est ton regard sur la scène graffiti ?
Il y a tout et son contraire… La multitude des supports et des nouveaux outils repoussent davantage les limites qu’on pensait établies. L’association graffiti et street art est parfois louable et souvent pas du tout, on peut disserter, je pense que c’est à prendre au cas par cas. Il existe parfois une récupération du graffiti par le street art qui peut être déplaisante; sans parler de l’égo démesuré de certains par le graffiti game, le graffiti fame; ou des opportunistes en tout genre.
Mais je ne crache pas sur l’évolution du graffiti, car pour progresser, il faut accepter ce développement. Il y a des connections superbes entre street artistes et graffeurs, ça compense les mauvais côtés… Le fait qu’il y ait un marché aujourd’hui, permet aux graffeurs de peindre sur toiles, d’acquérir une approche différente et de produire des compositions qu’on aurait jamais vu. Il y a vraiment du bon et du mauvais…C’est difficile de se positionner et je préfère me focaliser sur le positif qui en ressort. Personnellement je suis graffeur; ça fait presque 25 ans que je graffe, les bases me viennent de mon origine de Vitry : les vrais valeurs, les vrais règles que je perpétue depuis le début et que je ne lâcherai jamais! Je ne me considère pas comme un street artiste, je ne réalise pas de pochoirs, ni de collages. Mais je ne crache pas sur le street art pour autant, surtout lorsqu’il n’est pas fait au détriment du graffiti. Mais je resterai graffeur…quoi qu’il arrive !
Quels sont tes projets à venir ?
Dans l’immédiat, un nouveau site internet qui vient juste d’être mis en ligne. J’ai aussi ce projet que je viens de vous murmurer, une très grosse pièce à venir…Je prépare de nouvelles toiles pour des expos. Je conserve tout ce que j’ai pu acquérir comme techniques jusqu’à présent en ajoutant de temps en temps une touche graffiti à l’ancienne, ma nostalgie des nineties refait surface, j’effectue un peu de lettrages old school sur mon style graphique actuel. J’aspire à de nouveaux voyages à travers le monde, c’est un kiff total de peindre à l’étranger, rencontrer des personnes avec une culture différente et une passion commune. Le graffiti me permet de voyager différemment, je rencontre les intervenants du milieu pour peindre et échanger sur notre passion, c’est riche de rencontres improvisées, tout ça est très important et enrichissant pour moi. J’ai besoin de voyager… Si tout va bien, la prochaine session sera en Asie, mais tout est possible!
Le mot de la fin ?
Graffiti saved my life, so, graffiti 4 life!
Site internet : Erod-prod.com
Photographies © Emilie Mee et Erod
Pour sa dernière auto-édition, Riki Kiwy en collaboration avec la photographe Ama Split publie « Le pote des graffeurs est une fille »; un ouvrage de 122 pages retraçant leur périple au Maroc.
« Ce livre est l’histoire d’un voyage.
Un voyage entre graffeurs mais pas seulement.
Nous sommes quatre amis, nous vivons dans trois pays différents et notre seul moyen de communiquer tous ensemble est l’anglais, bien que ce ne soit la langue natale d’aucun d’entre nous. Nous avons tout prévu sur le chat d’un réseau social, sans jamais nous parler ni par téléphone, ni en personne.
Ce périple se met en place grâce à un peu de hasard et surtout à une forte envie de partir et se rencontrer quelque part. Ce quelque part sera le Maroc. Pourquoi le Maroc? Car on cherche un pays chaud (vu qu’on est en hiver), pas cher (vu qu’on n’a pas beaucoup d’argent) et un peu différent pour changer des destinations européennes classiques, prisées par la plupart des graffeurs. On sait juste qu’on doit se retrouver à Marrakech et qu’après une dizaine de jours, on quittera le pays depuis Fès. Pour le reste, on verra bien.
De ce voyage naît le livre ‘‘Le pote des graffeurs est une fille’’ ou la transcription de notre aventure réalisée par deux regards différents: un extérieur, ou presque, au monde des graffiti et un autre intérieur. Le tout est illustré de photos, toutes argentiques, qui complètent les descriptions et permettent de découvrir la face un peu moins touristique du Maroc.
C’est une histoire de bombes de peinture, de trains, d’amitié, de rencontres, de couscous, de quincailleries, de petits taxis et de chiens errants. »
Pour Commandez l’ouvrage…
Rencontre avec Colyr et Öneslick, membres des 3GC, le crew bordelais qui organise le « SHAKE WELL Festival » le 1er, 2 et 3 juillet à Bordeaux.
Très actif sur la scène bordelaise, les 3GC et l’asso Alchimist organisent le « SHAKE WELL« , festival internationale de graffiti les 1,2,3 juillet 2016 aux bassins à flots à Bordeaux. Un festival regroupant une centaine de graffeurs internationaux, nationaux et locaux aux sensibilités artistiques multiples. 6000m2 de surface exploitable répartis sur 4 zones avec des hauteurs variant de 4 à 12 m sur les murs d’enceinte de l’usine Lesieur aux bassins à flots. Ces murs resteront visibles jusqu’à leur démolition en 2017.
Trois jours de festivités rythmés de performances artistiques, de concerts, dj set, ateliers d’initiation, espaces créateurs, buvette.
Un week end qui promet d’être haut en couleur !
Le crew naît en 2005 sur l’île de La Reunion, fondé par Gamer, Zemar et Drop. Le collectif s’étoffe au grès des rencontres et l’arrivée de Gamer sur Bordeaux.
Aujourd’hui 18 membres actifs, aux individualités différentes, composant toujours ensemble avec leurs propres univers. Öneslick, Colyr, Gamer, Meks, Kenz, Dorms, Hobs, Moksa, Dr Jonz, Zemar, Cyclone, Bros, Drop, Dyox, Sock, Fenek, Seron, Heik.
La diversité, l’unité et l’amitié définissent le crew et le processus de création des 3GC. Une vrai bande de potes solidaire prônant le métissage autour de l’apéro, du barbeuk et de la peinture… Le kiffe quoi !
« Une pensée à ceux avec qui ont a pu partager des bonnes sessions peintures depuis ces 10 dernières années et avec qui on a crée des liens (de Bordeaux à Nantes, Montpellier, Paris, Tours, Saintes, Milan, La Réunion, la Guadeloupe, etc). Pleins de projets graffiti et de partages à venir, c’est ça notre kiff ! On continuera dans ce sens là ! » Fuck le TAFTA, Fuck Walls et sa loi dont personne ne veut, c’est le temps de s’émanciper ! »
Crédits Photos : 3GC
Interviews de COLYR et ÖNESLICK
Parle nous de ton parcours et comment as-tu commencé à pratiquer le graffiti ?
J’ai débuté le graffiti à 15 ans en Martinique avec la rencontre de VIZIR, revenant de Paris. Assis à la même table en cours, on grattait des sketches et j’ai pris le virus. Il me racontait comment se passait la scène parisienne, on a chopé les premières bombes et j’ai réalisé mes premiers tags, mes premières pièces. Ensuite, je suis arrivé en métropole, je faisais beaucoup de sketches, je passais mon temps à dessiner à l’école, j’ai rencontré VAKS qui graffait aussi; on était dans un trou paumé sous Royan, il n’y avait pas grand chose pour choper du matos alors je montais sur La Rochelle voir SERY et la clique. C’est enchainé une grande période de motivations et de rencontres; constamment en sortie à peindre, avec les M2P, CAST, SIDE, puis EASI, on posait partout où on pouvait… on a fait les 400 coups, on était jeune, frais, c’était magnifique ! Je suis installé à Bordeaux depuis 4 ans où j’ai rejoint les 3GC ; une belle équipe de pirates amateurs de rhum, dans une bonne ambiance où l’on se consacre à la peinture et à recevoir du monde pour partager notre passion.
À quoi ressemblait la scène graffiti en Martinique ?
Lorsque j’ai commencé à peindre, la scène graffiti martiniquaise était assez petite… Boowser avait bien cartonné l’île, mais la scène guadeloupéenne était plus étoffée niveau Hip Hop. Les MAC de Paris peignaient de lourdes fresques, et sont venus peindre en Martinique. Je me rappelle d’une fresque des MAC à Fort de France, j’étais minot, mon premier souvenir de graffiti; une fresque contre la drogue et la prostitution, lourde peinture bien à thème… Sur l’ile on apercevait les prods de quelques gars de passage, en vacances, ou lors de leur service militaire. La scène martiniquaise était assez petite à l’époque. Avant de partir en métropole, entre 2000 et 2002, on était quatre, cinq à faire de la couleur et du vandale sur l’île.
Où puises-tu tes inspirations ? Qu’est -ce qui influence ton travail ?
Tout dépend ce que je réalise, je fonctionne beaucoup à l’humeur…
Mes pièces seront plus ou moins dynamiques, hérissées ou rondes selon mon état d’esprit, de mon énergie. Les émotions inspirent mon travail, elles trouvent toujours une porte de sortie, une projection dans un de mes personnages ou l’un de mes lettrages. La nature influence aussi mes productions. La musique m’inspire considérablement lorsque je peins.
Ce qui me colle à la peau, c’est de danser avec les murs ! La dynamique est importante dans le graffiti, que ce soit du légal, du vandale, 2D, 3D, du tag. Le mouvement du poignet et du corps est fondamental. Lorsque je regarde le travail des autres, j’aperçois l’âme du peintre et pas uniquement la technique. Je pense que la peinture parle d’elle-même.
Comment définirais-tu ton style ?
Oh la la la la… rires . C’est de la 3D! Après je réalise de tout… J’aime tout, tant que c’est bien réalisé, c’est beau !
L’environnement naturel, les oiseaux sont des thèmes récurrents dans tes productions…
J’ai grandi aux Antilles, j’avais la mer à portée de tongs…J’ai toujours vécu avec l’eau, même en arrivant en métropole, je me suis installé en Charente Maritime sur la terre de mes aïeux. J’aime beaucoup la nature et je suis pêcheur… Le rapport avec la nature est très important pour se retrouver, apprendre. Il suffit de la regarder pour comprendre la vie de tous les jours; c’est très instructif ! C’est mon coté flamand rose.
Quelle place tient le graffiti dans ta vie ?
Le graffiti fait partie intégrante de ma vie….. Chez moi, les murs sont peints, mes potes sont quasiment tous graffeurs, même si je ne fréquente pas qu’eux. La peinture est tout le temps présente… Avec le temps, j’essaie de me dépasser, d’arriver à produire mieux que ce que j’ai déjà réalisé, dans le fond comme dans la forme, j’ai envie que mon travail évolue même si j’ai toujours l’esprit de peindre « à la cool ». Je peux me prendre la tête sur une peinture autant que décompresser totalement sur une autre, pas de thème, c’est la fête, simplement se faire plaisir.
Que penses-tu de la démocratisation du graffiti ?
C’est tout et n’importe quoi… personnellement, je m’en fous. Le problème, ce n’est pas vraiment le graffiti mais les gens autour du graffiti. Ils ont besoin de mettre des étiquettes pour classifier, se rassurer. C’est la société qui veut ça ! Dès que le pognon rentre en jeu, ça génère des histoires. J’ai ma vision du graffiti, j’essaie de la préserver et de vivre cette passion avec ceux qui l’a pratique.
Tes projets à venir ?
Je travaille beaucoup de sculptures et de luminaires. J’aime la dynamique de construction, les volumes. J’utilise ce qui me tombe sous la main et l’assemble sans contrainte, c’est ce qui m’intéresse avec ces médiums, un gros kiffe à réaliser. Je crée également des toiles, j’essaie de tripper avec plusieurs matières. Avec le crew, on organise le « SHAKE WELL FESTIVAL »: un festival international de graffiti avec une centaine de graffeurs venus de tout horizon, les 1,2 et 3 juillet aux bassins à flots à Bordeaux. Je compte reprendre un peu la route, retourner faire des connections à droite à gauche et revoir les personnes que je n’ai pas vu depuis longtemps… et vivre… tout simplement !
Crédits Photos : COLYR
Raconte nous tes débuts…
J’ai débuté sur les bancs du collège, je dessinais beaucoup et je ne connaissais pas encore le graffiti mais j’avais cette passion pour le dessin. J’ai grandi dans une cité à Bordeaux puis mes parents ont déménagé à la campagne. Je ne connaissais personne et le dessin a été un exutoire! J’avais 15 ans, j’achetais des magazines; RER, RADIKAL, Mix Grill, des fanzines…. Je ne comprenais pas vraiment ces mecs qui peignaient dans la rue, ça m’a tellement intrigué que j’ai chopé le virus! J’ai commencé à acheter des marqueurs, début de mes premiers tags, à la recherche d’un nom, j’investissais un peu la rue, seul à l’époque. J’ai chopé quelques bombes de peintures dans des rayons de bricolage… mais je ne me rendais pas compte de l’impact visuel que cela avait. J’y allais un peu trop fort… j’exécutais beaucoup de fat dans la ville où j’habitais, à Libourne, et on m’a vite attrapé. J’ai rencontré SMACK avec lequel j’ai débuté, on a fait beaucoup de Vandale… je me suis fais choper plusieurs fois, il fallait que je change de technique car ce n’était plus possible de passer à la barre! Le graffiti est une discipline qui apporte beaucoup d’adrénaline et je ne le maitrisais pas…. J’ai commencé à aller sur Bordeaux, en 1995, je voyais des peintures de Guizmo, Mozar, Baryo, Scan.r, Foe, pil173, Me, MX, CV… des fresques des Fullcolor, P.fresh… c’était déjà des crews solides.Mon graffiti a évolué au fur à mesure de mes rencontres et font ce que je suis. J’ai voyagé, rencontré d’autres graffeurs, peaufiné mon style… Au départ je faisais de la 2D, je suis partie dans le secteur de Poitiers, Rouen et j’ai découvert une autre approche « le tracé direct », j’ai changé immédiatement de technique.
Quelles sont tes sources d’inspirations ?
Mes sources d’inspirations sont multiples: mes rencontres, les lieux dans lequel je crée, la nature et la musique m’apporte beaucoup…Une personne décisive, a marqué mon parcours lorsque j’avais 15/16 ans, un Peintre en lettre, devenu ami, avec qui j’ai bénéficié d’une formation au pinceau. Il m’a amené à m’intéresser à la peinture, m’a sorti tous ces bouquins, Dali, Magritte, les grands classiques… Je l’observais réaliser ses tableaux, d’anciens panneaux publicitaires, le tout réalisé aux pinceaux.J’étais plutôt vandale à cette époque, à la recherche d’adrénaline, d’expressions… Il m’a ouvert à une autre sensibilité…
Comment définirais-tu ton style ?
Je le définirai comme organique, je puise mes inspirations dans la nature.Rendre la lettre vivante, (poulpe, mollusques), j’aime ce genre de volume et de texture. Auparavant, je réalisais des pièces très pointues, carrés; avec le temps je me suis certainement adoucie et mon style s’en ressent. Mon style est encore en train d’évoluer… Je vais induire du figuratif à l’organique…. Du perso, des postures, j’aime beaucoup le corps et les expressions. Je prends plaisir à travailler les textures et à déstructurer mes pièces, c’est ce qui m’intéresse, j’aime quand c’est propre et déstructuré. Mon style est en constante évolution…
Tes productions sont souvent truffés de mots, peux tu nous en dire plus…
Effectivement, j’ai eu une session où j’ai voulu intégrer des mots….. C’était des mots de l’instant présent, me venant à l’esprit… des mots un peu personnel comme « Parentalité » par exemple, car je viens d’être papa. Un moyen de marquer le temps, l’instant présent.
Comment investis-tu la toile ?
Je peins très peu à la bombe, j’expérimente le pinceau. Je n’ai jamais pris de cours. J’aime prendre le temps… j’utilise le pinceau avec une approche graffiti. Mon travail sur toile vient inspirer mes productions et réciproquement. Mes créations sur mur apportent l’improvisation dans mes tableaux. Les deux s’équilibrent, s’apportent l’un à l’autre et ont un impact aussi sur ma vie. Le graffiti est un style de vie, une passion, je veux me donner les moyens d’avoir un peu plus de temps pour peindre…
Comment vois-tu l’évolution du graffiti ?
Le graffiti c’est un peu comme la nature, on cherche à le contrôler mais c’est impossible… Le graffiti de 1990 n’est pas le graffiti de 2016, ce qui est important c’est que les gens soient libre de pratiquer leur art, leur passion de manière indépendante, pourvus de sens critique et ne rentrant pas dans le moule. Le graffiti c’est toujours trouver un style différent, s’émanciper, ne pas rentrer dans un code. C’est un état d’esprit, un mode de vie, de penser. Personnellement, c’est ce qui m’anime…Je ne m’inquiète pas pour le graffiti, il fera son chemin…
Quels sont tes projets à venir ?
Continuer mes toiles, mes peintures et projets avec toute ma clique 3GC… Je veux profiter de tous ces moments le plus longtemps possible… Notre crew est très important pour moi, ceux sont plus que des potes…
Une pensée à ma femme et mon fils et à tous les potos et les meufs ! Moksa, Gamer, Llouli, Hobs, Kems, Béré, Kenz, Dr Jonz, Z, Dorms, Bros, Cycle, Chomomo (il se reconnaitra !) Vaks, Sion, Smo, Res, Zarb, Scan.r, ManuFaktur, Gost, Rady, Tanis, Benou, Drop, Les Nantais Eskat, Maso, Les Poitevins Lxir75, Jam, Exod, Les Tourrangeaux Drope, M.Plume, Corsak, IBS, WD, 334, MYC, VTP, SAC, VEC… Bref, à tous ceux qui ont croisé mon chemin !
« C’est pas la mer qui prend l’homme, c’est l’homme qui prend la mère »
Crédits Photos : ÖNESLICK
Rendez vous à La Rochelle du 17 mars au 10 avril pour la 4ème édition du Springtime Delights Festival, biennale de street et board culture à La Rochelle.
Une programmation riche et variée pour cette nouvelle édition: Expositions, fresques perennes, concerts, projections, table ronde, débat, graffiti jam, skate, deejaying, danse, initiations.
Plus d’infos sur le festival: FB Springtime Delights Festival