AFRO l 100% GRAFFITI, 100% VANDALE

Influencé par les writers parisiens et new-yorkais des années 90, AFRO pratique le graffiti traditionnel à sa sauce à la Réunion après un début sur Paris dans les années 95. Vandale et 100% graffiti, AFRO recouvre les murs de l’île !

Qui es-tu ?
Je suis AFRO, AFRONE, FROA… Artiste Graffiti, avant 2005 je posais FLUT.

Comment as-tu découvert le graffiti ?
Comme beaucoup de monde, en regardant le bord des routes dans les années 80 et également à la TV notamment dans l’émission H.I.P H.O.P. de Sydney[1]. J’ai ensuite atterri à Mantes-la-jolie en 92, en plein essor du Rap. Puis en 95, je me suis retrouvé à Paris, dans un lycée métro Stalingrad, un endroit clé du graffiti (terrains légendaires, magasin Tikaret, une véritable institution dans le hip hop… et j’ai commencé sérieusement l’année suivante en 96.

Parle-nous de ton ou tes crews ?
Je fais partie des KIE depuis mes débuts, et je suis aussi dans le 96PF, un crew récent. KIE a été fondé dans les années 90, j’ai été recruté comme la jeune génération par SKOFE et LOFE.

Le graffiti pour toi c’est quoi ?
Mon point de départ pour beaucoup de chose, apprendre à élaborer et à structurer des projets… C’est surtout une contre-culture, un monde dans le monde. Une sorte d’addiction et de thérapie en même temps.

Plutôt lettrage ou perso ? Pourquoi ?
Les 2. J’étais plutôt Tags et throw-ups, block letters, chromes… Et j’ai, plus tard, fait des pièces colorées. Je fais également des persos.

Pourquoi AFRO ?
C’est un nom que les gars de mon crew m’ont donné. J’ai essayé et les lettres m’ont plu. J’ai donc continué.

As-tu toujours graffé à la Réunion ou tu as aussi voyagé ? Si oui, raconte-nous (les différences, les spots, …)
Alors comme je te l’ai dit plus tôt, j’ai commencé à Paris, ici à la Réunion, c’est très nouveau pour moi. Je n’ai pas vraiment voyagé avec le graffiti mis à part la Belgique, la Suisse, l’Allemagne et la Grande Bretagne… Les Pays-Bas, l’Espagne… OK, j’ai bougé un peu …
Chaque endroit, chaque époque sont très différents. Dur de comparer. Les spots et supports sont sensiblement les mêmes partout ; terrains, rues, roulants…

Pratiques-tu le vandale ? Pourquoi ?
Oui, ça me parait essentiel, écrire son nom c’est la base de cette pratique.

Comment vois-tu l’évolution du graffiti ?
Le graffiti évolue au fil du temps c’est certain : techniques, matériel, infographie. En tout cas je pense que ce mouvement va perdurer… les peintures murales sont éphémères mais parfois intemporelles. Ce qui fera une constante évolution.

Raconte-nous une anecdote/rencontre qui t’as marqué.
A Paris tu rencontres beaucoup de writers, toutes générations confondues. Un jour, je prenais un café rue de Rivoli, il y avait un monsieur plus âgé que moi assis en face de moi, son visage me disait trop quelque chose, je suis allé lui demander si on ne se connaissait… Il me répond avec un accent cainri : “Salut je m’appelle SEEN”, je l’avais vu dans le film “Style War”. Je n’ai pas pensé à lui demander une kasdedi. Legendary allstar.

Une dédicace ? Un dernier mot ?
Big up à tous mes OG’s, ceux qui peignent encore : large up. Une spéciale pour la nouvelle génération qui met l’ambiance !

Aux KIE Crew : LOFE, KLEBS, LIKER, ALCAZ, KOPEA, FLESH, SKOFE, BUENO, GONG, LOMBAR, PARSKE, BAFE N MORE…CISPEO SWC, RUGS THE IRIE, DEKS, MOTYF, SUPANAO, DIAZ, MAKAK, KPTN, ZEMAR, MIAOU… j’en oublie sûrement.

À tous ceux qui me connaissent.
Peace.

[1] H.I.P. H.O.P. était une émission de télévision française diffusée sur TF1, conçue et animée par Sidney, qui a diffusé la culture Hip-hop en France et l’a rendue populaire.

Crédit photo : © AFRO

Chroniques #10

Le Bestiaire fantastique du street art
Codex Urbanus et Chrixcel, Alternatives

Bestiaire street art
Les animaux fantastiques que l’on retrouve surtout dans la littérature jeunesse ou encore dans la bande dessinée sont quasi inexistants de la peinture contemporaine et moderne. Cette thématique est revenue en force avec l’art urbain, que ce soit le graffiti utilisant l’imagerie des comics et de la BD ou le street art ; et le Lowbrow, mouvement pictural né en Californie dans les années 70. Ce livre raconte à sa manière, légère et amusante, sous le regard d’un praticien, Codex Urbanus, l’apparition de ces drôles de bêtes sur nos murs depuis quelques temps déjà… Une bonne lecture si vous aimez les animaux fantastiques en tout genre.

Ma rue par Achbé
Achbé, Alternatives

Ma rue par achbé
Achbé intervient dans l’espace public depuis 2016 et propose une œuvre originale, engagée et percutante qui suscite chez les passants montmartrois, son quartier de prédilection, intérêt et sympathie avant de toucher un public beaucoup plus large sur les réseaux sociaux. Sur le bitume parisien, elle trace à la craie des formules qu’elle photographie. Libérée dans la rue, sa parole se fait image, au sens propre comme au figuré. Elle suit sa propre voie en marge des arts urbains.
Un livre ludique fort sympathique à regarder et que l’on peut offrir aussi.

Visages de Scampia
Davide Cerullo, Gallimard

Visages de Scampia
En 2015, l’artiste Ernest Pignon-Ernest souhaite prolonger à Naples le parcours de son projet « Se torno » qui l’a vu coller sur les murs de Rome et de Matera l’image d’un Pasolini au regard sévère portant dans ses bras son propre corps sans vie. C’est Davide Cerullo, enfant du quartier passé par la criminalité avant de trouver la rédemption dans la poésie, qui va lui ouvrir les murs de Scampia, banlieue populaire de Naples dans laquelle l’artiste voit un univers pasolinien d’aujourd’hui. Le Français découvre son travail photographique saisissant depuis une dizaine d’années la vie du quartier dans ses aspects les plus durs mais également avec l’espoir et la conviction que les enfants seront sauvés par l’instruction. Des textes d’auteurs renommés comme Erri De Luca ou Christian Bobin joignent leur voix à celle d’Ernest Pignon-Ernest pour introduire les photographies de Cerullo. Cet ouvrage est magnifique et nous montre le côté obscur de la société italienne, celle des pauvres et des perdants de la mondialisation. Vous aurez certainement envie de vous replonger ou de découvrir la somme publiée sur Ernest Pignon-Ernest par le même éditeur. L’humain avant tout.