Invité par le Springtime Delights Festival, organisateur du festival international de cultures urbaines à La Rochelle, le duo espagnol Dourone a honoré la galerie à ciel ouvert de la friche du Gabut avec leur fresque « Earth Migration ». Cette œuvre a été réalisée dans le cadre de la première édition du festival de musique « Roscella Bay » (électro, jazz, funk), en référence à l’histoire de la ville qui fût le premier port de départ des migrants s’embarquant pour le Québec au XVIIe siècle. Dourone a également réalisé le fond de scène de l’Alibi, rhumerie rochelaise, partenaire du festival Springtime Delights Festival sur la prochaine édition au printemps 2016.

Pouvez-vous vous présenter et nous donner une vue d’ensemble de votre parcours artistique, y a t-il des différences dans vos trajectoires respectives ?
Nous travaillons en équipe depuis quatre ans. Fabio, le créateur de Dourone est autodidacte. Il a débuté le graffiti en 1999 à Madrid et exploré les différents styles pour atteindre ses réalisations actuelles. Je m’appelle Élodie et depuis 2012 Elodieloll. Je n’ai pas de background artistique, je travaillais auparavant dans l’évènementiel et la communication. Fabio m’a proposé de travailler avec lui sur la partie communication de Dourone et progressivement j’ai commencé à l’assister sur les fresques murales.

Comment parvenez-vous à travailler à deux? Qui fait quoi ?
Nous qualifions notre travail par 1+1=3 ! Nous pensons et élaborons tous les projets ensemble, Fabio s’occupe principalement de la partie créative et moi de la communication, nous prenons toutes les décisions en commun! Comme si nous étions une seule et même personne!

1 Pouvez-vous revenir sur la scène graffiti de 1999 à Madrid ?
À l’époque le graffiti est en plein essor en Europe; la scène madrilène est très productive. Tout se passe dans la rue, les lettrages prédominent, de nombreux crews de quartiers se forment et sont en compétitions. Fabio débute par le wild style, il a ensuite fait évoluer son style vers l’illustration. Dans ses différents crews, il effectue le fond des fresques et les illustrations tandis que les autres graffeurs posent leurs pièces et leurs blazes.

Que signifie Dourone?
Les lettres sont des images pour Fabio. Il a toujours vu les lettres comme des dessins. Il aimait l’association du dessin de la lettre D avec le O, le U et la lettre R formant DOUR; dans les années 1990, on ajoutait « one » derrière un blaze, ce qui a formé « DOUR one »! Cela n’a aucune signification hormis l’esthétisme de la formation des lettres entre elles.

5Quelles sont vos sources d’inspirations artistiques ?
Ses références sont assez anciennes: Moritz, Richter…sont de réelles inspirations. Il évite de les consulter en période de création afin de se détacher de leurs grandes influences. Fabio veut rester dans la création pure. C’est très en vogue de pratiquer des hommages aux artistes défunts en ce moment…

Qu’est ce qui vous amène à créer? Est-ce en fonction de l’environnement? Comment définiriez-vous votre processus créatif ?
Chaque réalisation dépend de l’environnement où l’on crée, de nos différentes expériences vécues, des rencontres, de nos états d’âmes. Des valeurs comme le respect, la diversité et la liberté sont véhiculées dans chacun de nos travaux.
La définition de notre processus de création est le « SENTIPENSANTE », contraction du mot sentir et penser; terme inventé par Eduardo Galeano, écrivain et journaliste uruguayen, décédé cette année.
Pense avec le coeur et sent avec la tête! C’est ce qui définit l’œuvre Dourone.

7Votre travail transcrit un univers onirique et introspectif caractéristique de votre peinture. Vous employez de nombreux symboles, les visages féminins reviennent dans chacune de vos œuvres. Que souhaitez-vous exprimer ?
L’emploi des visages féminins sert à dénoncer les discriminations, encore trop nombreuses, faites aux femmes, surtout lorsqu’on vient d’Espagne, où règnent toujours machisme et violences domestiques.

Peut-on dire que vous réalisez un travail dans une approche sociale et revendicatrice ?
Ce n’est pas vraiment une revendication, dans le milieu de l’art urbain le message est imposé, Fabio ne veut pas ordonner, simplement exprimer la beauté, l’espoir…  « Penser avec son cœur et Sentir avec sa tête » Le SENTIPENSANTE !

11Vous faites le tour du monde avec vos créations. Quels ont été les meilleurs endroits pour peindre? et pourquoi? Voyager est essentiel pour vous ?
Le voyage est très enrichissant, pas seulement au niveau artistique mais également d’un point de vue personnel; c’est la meilleure école !
Nous rencontrons constamment de nouvelles personnes, de nouveaux univers, de nouveaux pays. Nous aimons partager, discuter avec les locaux, comprendre comment ils perçoivent la vie, leur pays. Ces expériences sont très riches, comme des cadeaux.
Nous retenons ce qu’il se passe autour de l’œuvre et de nos créations. La réaction des personnes, du fait de créer dans l’espace public, a beaucoup plus de valeur !

Vous êtes des artistes capables de faire en même temps du graphisme, de la peinture, décoration, des fresques murales…Comment arrivez vous à passer d’une discipline à l’autre ?
Le processus est différent, la préparation n’est pas identique face à un grand mur, une décoration chez un particulier ou une illustration digitale. Nous jonglons continuellement, par exemple, nous réalisons une fresque pendant 3 jours à La Rochelle et parallèlement nous finissons la préparation de notre future création en Colombie. Nous ne passons jamais plus de 48 heures sans travailler. Il est rare de travailler sur un seul projet à la fois, sans cesse en voyage, nous sommes toujours en recherche pour les prochaines réalisations, c’est devenu une routine!

4Quels sont vos prochains projets ?
Nous partons mercredi pour un festival à Medellín en Colombie; ensuite à Los Angeles pour une durée de 3 à 4 mois et l’année prochaine nous avons 3 festivals de prévus.
Des propositions d’expositions en galerie affluent, nous attendons le bon moment, la préparation d’une expo requiert beaucoup de travail et de temps. Pour le printemps 2016, nous désirons un pied à terre en Europe, un atelier nous devient indispensable ! Nous avons également pour projet d’avoir des enfants… et Apprendre ! Apprendre tout le temps…

Crédits photos : Association monuments en mouvement / Springtime Delights Festival
Plus d’infos : Springtime Delights Festival Facebook

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